Puisqu’il faut qu’un cœur de douleur je porte
et sente du plaisir le feu ardent,
passant de vertu à avilissement,
je dirai comment j’ai perdu ma vaillance.
Et je dis que mes facultés sont mortes
et mon cœur, qui a tant lutté et vit peu ;
et si ce n’était que mourir m’est joyeux,
Je ferais pleurer Amour d’indulgence.
Mais par cette folie qui m’a saisi,
voici que ma fermeté s’est changée
en état étranger,
au point que je ne montre pas mon angoisse ;
le leurre me dépasse :
car dans le cœur m’est entrée la Passion
qui exerce sur moi sa domination.
(Guido Cavalcanti, Rime)