« En octobre 2008, Hélène Henry me décrivait l'état de délaissement dans lequel se trouvait le prix Nelly-Sachs, le seul à distinguer explicitement et exclusivement une traduction de poésie. Je venais de perdre ma mère, lectrice, taciturne, de poésie française et traduite, dont jusqu'à la fin il lui arrivait de pouvoir réciter quelque vers ou début de vers retrouvé dans les puits d'oubli qui l'avaient envahie.

Faire un geste, un don — minime même en ces temps dits de crise — s'imposa à moi. La circonstance, le nom de Nelly Sachs, tout m'y incitait. Je serais heureux de pouvoir ainsi contribuer à redonner vie à ce prix, dans l'espoir surtout que la reconnaissance symbolique et matérielle de la traduction poétique vienne bientôt, aussi, de non-traducteurs. »

Bernard Banoun

Nelly Sachs

Née dans une famille juive allemande en 1891, elle fuit les persécutions nazies en 1940 pour s'installer en Suède où elle passera le reste de sa vie. C'est là que son œuvre poétique prend son essor, en réaction aux deuils et aux souffrances de la Shoah. Elle reçoit le prix Nobel en 1966 et meurt en 1970.

Nelly Sachs a écrit son œuvre en allemand, sa langue maternelle. Également traductrice, on lui doit des anthologies de poésie suédoise en allemand.

Maurice Nadeau fut le premier à la publier en France, aux Lettres nouvelles, en 1967, dans une traduction de Lionel Richard. L'ensemble de son œuvre écrite après 1943 est regroupé en trois volumes traduits par Mireille Gansel chez Verdier.



Julia Tardy-Marcus

Née en 1905, elle devient danseuse à l'Opéra de Berlin avant de devoir quitter l'Allemagne en 1933, en raison de ses ascendances juives, de son appartenance au parti communiste allemand et d'un spectacle où elle avait ridiculisé Hitler. Installée en France, où elle fréquente de nombreux artistes dont Robert Desnos, elle devient critique et traductrice. En 1988 elle crée un prix de traduction réservé aux traducteurs de poésie ; elle lui donne le nom d'une poétesse qu'elle admire et dont elle se sent proche.

Jusqu'à sa mort en 2002, elle ne manquera pas une seule remise du Prix.



Le prix Nelly-Sachs

Le Prix, étroitement lié dès le début aux travaux de l'association ATLAS, est décerné chaque année dans la ville d'Arles, en novembre, lors des Assises de la traduction littéraire.

Depuis 1995 le lauréat s'y voit confier l'animation d'un atelier de traduction poétique.

Le jury initial se compose de Laure Bataillon, Claude Esteban, François Xavier Jaujard, Claire Malroux, Philippe Mikriammos, Anne Minkowski (présidente), Roger Munier, Lionel Richard et Céline Zins, Maurice Nadeau étant président d'honneur. Ces jurés, ainsi que ceux qui suivront, sont tous traducteurs de poésie. Par delà les goûts et la sensibilité propres de chacun, tous reconnaissent la nécessité de concilier, selon les termes de François Xavier Jaujard, « l'exigence de la fidélité et l'exigence d'un poème français ». Leur devise commune pourrait être, comme le dit Pierre-Jean Jouve : « Il faut à travers tout maintenir le chant ».

Après la disparition de Julia Tardy-Marcus, première donatrice et mécène permanente, le Prix Nelly-Sachs connaît des années difficiles. Il entre en sommeil de 2007 à 2009, avant de renaître grâce à la générosité de deux traducteurs : Bernard Banoun pour 2010 et José Kany-Turpin, ancienne lauréate, pour les années suivantes.

Il devient prix associé des Grands prix littéraires de Strasbourg, et tout particulièrement du Prix européen de littérature et de la Bourse de traduction qui l'accompagne, sans rien abandonner pour autant de son ancrage arlésien.

Suite au décès des uns et au départ des autres, le jury s’est largement renouvelé au cours des ans. Sont actuellement jurés : Laurence Breysse-Chanet, René de Ceccatty, Hélène Henry, Claire Malroux (présidente), Jean-Yves Masson, Jean-Baptiste Para, Patrick Quillier, Michel Volkovitch et Céline Zins.

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